Le musée des
Beaux-Arts de Rennes est l'un des plus anciens de France.
Ses collections,
d'une qualité et d'une diversité exceptionnelles, se sont constituées
à partir de la Révolution.
Aux oeuvres saisies
dans les édifices religieux de la ville s'est d'abord ajouté un ensemble
extraordinaire, qui fait encore aujourd'hui la fierté du musée. Le
cabinet de curiosité de Christophe-Paul de Robien (1698-1756), président
au Parlement de Bretagne, était l'un des plus riches d'Europe : tableaux,
antiquités, objets d'art provenant de tous les continents, ainsi qu'une
collection de dessins où se côtoient Léonard de Vinci, Botticelli,
Dürer et Rembrandt.
Dès 1801, d'importants
envois de l'Etat complètent le fonds initial. Ce sont de grands chefs-d'oeuvre
illustrant les différentes écoles de peinture européennes : Véronèse,
Rubens (La Chasse au tigre) ou Le Brun avec la gigantesque
Descente de Croix de la chapelle de Versailles. Les acquisitions
ultérieures ont permis d'aboutir à un panorama très complet de l'histoire
de l'art, qui s'est ouvert à la création contemporaine depuis la réouverture
du musée en 1950.
La
section archéologique recouvre l'Egypte, la Grêce, l'Etrurie
et Rome. Le musée se présente ensuite comme une galerie de peintures:
la plupart des sculptures ont été détruites en 1944 et les objets
d'art ne sont encore que très partiellement exposés. Ils mériteraient
un département à part entière, tant le cabinet de curiosité du Président
de Robien regorge de merveilles de toutes origines. A partir du Moyen-Age,
on découvre donc une impressionnante suite de tableaux, du Maître
de la Miséricorde (XIVe siècle) à l'art abstrait. Après les quelques
repères majeurs de la Renaissance, comme la fameuse Femme entre les
deux âges de l'Ecole de Fontainebleau, le XVIIe siècle demeure le
point fort des collections. Des oeuvres très célèbres jalonnent ce
"Grand Siècle", ainsi le Nouveau-né de Georges de La Tour,
véritable icône universelle.
La période suivante
s'équilibre entre la grande Chasse au loup de Desportes et
les petits formats, portraits français ou esquisses italiennes. Les
contrastes sont aussi nets pour le XIXe siècle, où l'on trouve l'avant-garde
(le Massacre des Innocents de Cogniet) comme l'académisme le
plus coquet (Eros et Aphrodite d'Edouard Toudouze).
Les
impressionnistes (Sisley) et surtout l'Ecole de Pont-Aven
avec des oeuvres majeures de Sérusier, Bernard, Lacombe et Maurice
Denis annoncent la section moderne.
Picasso
d'un côté (Tête de femme, 1921 et Baigneuse, 1928), les pionniers
de l'art abstrait (Kupka, Magnelli) de l'autre, ouvrent le champ immense
que le musée s'attache à illustrer petit à petit, par la confrontation
des oeuvres de Sam Francis et d'Aurélie Nemours, de Hajdu et de Jacobsen.
Très à l'étroit
dans ses murs, le musée, qui a été rénové en 1996, attend toutefois
une transformation plus importante qui le rendra digne de sa collection,
l'une des plus belles de France.