du livre autobiographique de Dallet

"Je peins comme je vois, comme je sens et j'ai les sensations très fortes, eux aussi ils sentent et voient comme moi, mais ils n'osent pas, ils font de la peinture de salon, moi j'ose... Et c'est la guerre, une nouvelle guerre des anciens et des modernes, on n'en sortira pas et des hurlements de fureur se déchainent contre les novateurs. Certains prennent peur, rentrent dans les plis rassurants du drapé grec. D'autres persistent et signent des toiles tout simplement belles, fortes, peintes selon leur coeur. Mais lorsque la singularité ne sera plus singulière à force de répétition, lorsque l'oeil se sera habitué, souvent le spectateur se trouvera admirateur de ce qu'il avait honni. Mais ce n'est pas fini, en art rien n'est jamais fini, abouti, terminé, et d'autres artistes innoveront à leur tour, déconcertant à leur tour le public qui, à nouveau poussera des cris d'horreur...

Il faut bien admettre que l'art est définitivement mouvant, insaisissable, déconcertant. Et moi, plus calmement, en un temps où un calme relatif régnait encore, où le monde n'avait pas encore vraiment éclaté, de confusion en confusion, de guerre en guerre, je fais miennes les grandes options des impressionnistes, refusant comme eux perspective et profondeur de champ, tendant comme eux vers le plat, sacrifiant comme eux le sujet à la couleur, jouant comme eux avec la lumière et avec des cadrages désaxés. Tout cela semble peu de chose, c'était en fait une révolution.

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