CONCEPT

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Les Impressionnistes

"Je, Gauguin"

extrait 4

du livre autobiographique de Dallet

11Voyages en Provence, en Bretagne,

" En fait je me sens dépaysé dans cette Provence qui, pour moi, n'a ni la magie ni la mélancolie de la Bretgne où tout est plus solennel, plus large, plus entier, plus défini que dans cette petite nature rabougrie et brûlée des garrigues et du maquis. Et les couleurs, protest Vincent, ne chantent-elles pas plus qu'en Atlantique? Certes, elles vibrent mais comme elles paraissent grises à côté de celles des Tropiques."

1889 "A Pont Aven je peins et j'attends que s'ouvre en mai, l'exposition Universelle où la République, fière de ses progrés, va fêter un centenaire en forme de Tour Eiffel...

Aprés une exposition ratée au café Volpini, retour en Bretagne.

" Au port du bas Pouldu, là c'est le calme absolu, la sauvagerie absolue. Quelques fermes et leurs paysans, quelques barques et leurs pêcheurs, quelques carioles et leurs rouliers qui les emplissent de sable, quelque champs à l'herbe rase et leurs vaches, tandis qu'à marée basse de maigres adolescentes, de l'eau jusqu'à la taille, des haillons collés à la peau, enfournent avec des fourches, dans des tombereaux, des tonnes de goémon... Tout cela me convient, et je marche le long des falaises, sur la grêve, respirant l'air du large encore chargé d'embruns, la tête emplie du fracas des vagues qui s'écrasent et rampent, blanches sur les rochers, échafaudant des univers magiques où ma peinture est reine, où je n'ai plus besoin de vivre misérablement... Et nous nous asseyons longuement devant les pardons et les calvaires, nous faisons de longues haltes dans des chapelles de granite où des Christ de bois, aux membres d'écorchés, au visge résigné, semblent nous jeter à la face un long cri silencieux qui n'aura jamais de fin, comme n'auront jamais de fin les tourments des artistes honnêtes, incompris, malheureux qui lancent vers le ciel leur oeuvre semblable à un long cri silencieux auquel nul ne répond...

A Pont Aven je peins le calvaire de Nizon, où je peins le Christ jaune de la chapelle de Trémalo..."

Le christ

"Déjà humilié par le curé de Nizon, voici Angèle Satre qui remet ça, qui pleure devant son portrait... On trouve atroce, dégoûtant, le portrait de la belle Angèle, et je repars avec ma peinture sous le bras, desespéré une nouvelle fois. Pourquoi vivre si nul ne me reconnaît du talent? Si nul ne trouve qu'avec mon travail je donne du bonheur et de la beauté?

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GAUGUIN