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HOMMAGES Aux Sculpteurs

du XIXème & XXème siècle

Biographie 7

Hommage à Victor Hugo

Rodin, lui, est confronté coup sur coup à «l'affaire» Hugo et à «l'affaire» Balzac. Victor Hugo avait fait savoir à Auguste Rodin, qui voulait faire son buste, qu'il refusait de poser : «Je ne puis vous empêcher de travailler, mais je vous avertis que je ne changerai pour vous aucune de mes habitudes.» Il faut donc imaginer Rodin presque caché dans un coin de l'appartement ou de la véranda du poète, l'observant à la dérobée. Rainer Maria Rilke, alors son secrétaire, nous décrit Rodin épiant Hugo : «Pendant les réceptions, dans l'encoignure d'une fenêtre, il observait et notait des centaines et des centaines de mouvements du vieillard et toutes les expressions de son visage.» Le buste sera exposé au Salon de 1889, mais dès 1886, on a commandé au sculpteur un autre monument à Victor Hugo pour le Panthéon. Rodin le représentera assis sur un rocher et nu car «on ne revêt pas un dieu d'une redingote». L'œuvre sera refusée à l'unanimité ! L'autre «affaire», en tout point digne de la Comédie humaine, est aussi un beau tohu-bohu... «Mais c'est Balzac à Charenton, dans une robe de chambre d'hôpital !» : ils sont ainsi 2 000 visiteurs goguenards, moqueurs, hilares qui se pressent autour du Balzac de Rodin exposé pour la première fois au Salon de 1898. Et les rires de fuser, les plaisanteries, les calembours. Dès le lendemain, la statue de Balzac est devenue un scandale national dont toute la presse s'empare. «Il est facile de reconnaître dans ce tas de plâtre accumulé à coups de pied, à coups de poing, l'acte effronté de quelque maître ès fumisteries», écrit le critique du Monde illustré. Rodin pourtant, comme chaque fois qu'il traite un nouveau sujet, y a mis tout son cœur : il voyage dans cette Touraine où est né Balzac, il se rend à Bruxelles pour voir le moulage de la main de l'écrivain, le photographe Nadar lui fournit un daguerréotype de son visage. Mais la sanction tombe : le comité de la Société des gens de lettres refuse l'œuvre de Rodin et confie la commande à un autre sculpteur, Falguière. Les amis de Rodin protestent contre cette décision dans une pétition signée de Claude Monet, Toulouse-Lautrec, Sisley, Anatole France, Octave Mirbeau, Jules Renard, Bourdelle, Maillol, Debussy, Clemenceau. Finalement, Rodin retire son Balzac et, dans une lettre rendue publique, il écrit :

«J'ai le désir profond de rester seul possesseur de mon œuvre.»

Malgré l'affaire du Balzac, Rodin est maintenant installé dans la gloire, enfin à l'aise financièrement. Il est plus célèbre encore à l'étranger et jusqu'au Japon- qu'en France. Dans sa propriété des Brillants, à Meudon, c'est en star qu'il accueille d'autres stars, en souverain qu'il reçoit les rois d'Angleterre et de Grèce, ou l'empereur d'Annam. Mais c'est maintenant un homme fatigué, comme absent à son destin. Au début de novembre 1917, juste avant son 77e anniversaire, il tombe malade. Le 13 novembre, alors que la presse annonce que Clemenceau accepte de former un gouvernement et demande au peuple français de le soutenir, Rodin sombre dans le coma. Il n'aura pas de funérailles nationales, mais le jour de ses obsèques, alors que la grande statue du Penseur domine son tombeau, la foule, malgré sa tristesse, ne peut s'empêcher d'applaudir.

lire article expo 2001

Extraits "Rodin le festin d'une vie" Editions du chêne

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