Les impressionnistes

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Van Gogh, Cézanne et Gauguin, eurent beaucoup de mal à s'accepter et à s'insérer dans la société ; ils cherchaient en priorité à apporter dans leur art et leur existence une réponse aux questions essentielles posées par Gauguin :

" D'où venons-nous, où allons-nous ? ".

La souffrance poussait Van Gogh à chercher et à vouloir transmettre quelque chose de plus permanent que le jeu aléatoire de la lumière sur les arbres à un moment donné. Ni son tempérament, ni l'accent plus personnel de sa peinture à la fin des années 1880 ne lui permirent d'adopter une attitude simple et passive devant la nature.

Il utilisait le monde extérieur pour incarner ses propres tensions et parfois, telle une ancre, pour lutter contre l'angoisse d'un fort sentiment d'impermanence. En 1888, il gagne le Midi qui lui fait pressentir l'orient et l'enivre de couleurs. A Arles, il peint dans un délire lucide le Verger en fleurs, les Tournesols. Van Gogh a des visions d'halluciné dont ses œuvres profitent si sa santé en souffre. Il peint le Champ d'iris, le Ciel étoilé et quelques cent cinquante tableaux, les plus colorés que l'on n'ait jamais peint. Il est curieux de constater que les premières peintures de Van Gogh sont très sombres, lui qui allait dominer par la suite les couleurs les plus violentes (Les Mangeurs de pommes de terre, couleurs accordées au paysage triste et à l'humanité misérable qu'il a choisi de peindre). Dès qu'il se trouve en contact avec les peintres impressionnistes, sa palette s'éclaircit, il se met à employer des couleurs vives, posées par petites touches d'abord, ensuite appliquées à larges coups de brosse. Toulouse-Lautrec et Bernard influenceront la peinture de Van Gogh ; il y perdra sa préférence pour le genre des toiles de paysans ou d'ouvriers. A sa sœur, au début de 1888, il résume cette évolution : " La palette aujourd'hui est absolument colorée, bleu céleste, orange, rose vermillon, jaune très vif, vert clair, le rouge clair du vin, violet. Mais en jouant de toutes ces couleurs, on en vient à créer le calme, l'harmonie. " Le calme, l'harmonie, ce rêve toujours poursuivi et jamais satisfait de Vincent et qu'il pensait trouver réaliser au bout de son passage par la lumière, comme son éclatante conclusion.

En effet, la nouvelle impulsion que Van Gogh reçut de l'impressionnisme, si elle fut libératrice de tons purs, se concilia difficilement avec celle venue des maîtres nippons de l'Ukiyo-e. D'un côté, l'impressionnisme aboutit au triomphe de la couleur par son analyse et morcellement de tons purs ; de l'autre côté, les Japonais procèdent par un effort inverse de synthèse, étalant des à-plats de tons francs et poussés, qui sont cernés, bouclés par une arabesque solidement refermée sur elle-même. Or, Van Gogh ne saura jamais concilier ces deux tendances qui visent au même but : l'exaltation de la couleur, mais par des chemins strictement opposés.

Durant cette période, il rencontrera Gauguin, alors méconnu, ainsi que Pissaro, le grand homme de l'impressionnisme. Il les considèrent comme ses amis ; Van Gogh rêve alors d'une grande communauté d'artistes où on pourrait travailler ensemble et pour les autres. Mais c'est justement avec eux que ce projet échouera. A la fin de sa vie, Van Gogh imprimera à sa touche un mouvement tourbillonnant, traduisant sa fièvre, son exaltation, sa folie (Nuit étoilée, 1888).

Lorsqu'il peignait, il essayait de trouver "l'essentiel" pour saisir en quelques lignes le mouvement du modèle. Cet effort intense d'observation, de concentration se manifeste aussi dans les portraits, qu'il s'agisse d'autrui (Madame Roulin, 1888, dont Van Gogh écrit : "...cela ressemble si l'on veut à une chromolithographie de bazar. Une femme vêtue de vert, à cheveux orangés, se détache contre un mur vert à fleurs roses...") ou de lui-même. La vision de Vincent, celle qui rayonne de ses œuvres, est la vision d'un monde coloré, chaleureux, ensoleillé. Et pourtant la réalité différait de l'idéal.